Mademoiselle LENORMAND La Sybille des salons

En 1790, Mlle Lenormand se part à Londres, pour consulter le docteur Gall (l'inventeur de la phrénologie). Celui-ci, après lui avoir palpé longuement le crâne, se serait écrié : « La bosse ! Vous possédez la bosse de la divination. Vous serez la plus grande sibylle d'Europe ! ».

Elle rentre à Paris et rencontre deux personnes qui vont jouer un rôle important :

Louise Françoise Gilbert, cartomancienne  et un nommé Flammermont.

Dès lors, elle quitte son emploi de lectrice, s'associe avec eux et s'installe rue de Tournon, où elle ouvre un « Bureau d'écrivain public ».

Le cabinet de Mme Lenormand prospère très rapidement. Elle lisait surtout l'avenir dans les tarots et le marc de café. Les consultants attendaient dans le salon. La porte s'ouvrait, la sibylle apparaissait. Flammermont, introduisait le premier client dans le cabinet de Mme Lenormand qui lui demandait : « Voulez-vous une consultation à 10, 40 ou 80 francs ? ». Après que le client eut choisi, elle battait les cartes, les faisait couper par le consultant ; puis, elle examinait sa main gauche. Ensuite, elle posait quelques questions : « initiale de votre prénom, lieu, date et heure de votre naissance, fleur, animal et couleur que vous préférez, la première lettre de la ville où vous habitez ». Enfin, après un long moment de recueillement, elle formulait l'analyse psychologique et ses prédictions.

D'ailleurs, dans le Grand Jeu de Mme LENORMAND sont représentés la mythologie, la vie courante, le jeu de 32 cartes, les plantes, les animaux, les lettres, les constellations pour l'astrologie, la chiromancie, la marc de café, la géomancie.

Ses dons de voyance la rendent célèbre. Les plus hauts dignitaires comme Danton et Robespierre viennent la consulter.

En 1793, Robespierre la fait arrêter pour avoir annoncé une contre-révolution et jeté le trouble parmi les citoyens. Emprisonnée, elle reçoit un billet. C'était une demande d'horoscope émanant d'une jeune prisonnière : Marie-Rose de Beauharnais. Superstitieuse, Joséphine voulait connaître son avenir. Mlle Lenormand lui prédira : « Le général de Beauharnais sera victime de la Révolution. Vous survivrez à votre époux. Un second mariage est annoncé avec un jeune officier, appelé à des hautes destinées ». La sybille des salons venait de s'attacher Joséphine ! Après leur libération, l'Impératrice lui restera fidèle.

En 1795, Bonaparte, qui songeait à entrer au service du sultan, l'aurait consultée. Elle lui aurait prédit : « Vous ne partirez pas ; vous êtes appelé à jouer un grand rôle en France. Une dame veuve fera votre bonheur et vous parviendrez à un rang très élevé par son influence, mais gardez-vous d'être ingrat envers elle, il y va de votre bonheur ».

 Par la suite, la « sibylle  des salons » reçoit beaucoup de monde et il fallait s'inscrire des semaines à l'avance pour un rendez-vous.
Outre les tarots et le marc de café, elle utilisait d'autres méthodes : eau réfléchie dans un miroir, le plomb, les bougies, le feu, la fumée, l'eau, le laurier et le sel… 

En 1801, elle annonce à Joséphine « Vous serez plus que reine… ». 

Mlle Lenormand reçoit plusieurs fois l'ambassadeur de Perse, qui vient avec toute sa suite ! Il veut savoir ce qui se passe dans son harem resté à Ispahan…


En1809, il est question du divorce impérial. Mlle Lenormand est convoquée. Joséphine et la sibylle ont unlong échangerons sur ce point délicat.

Pour la contrer, le pouvoir impérial fait arrêter Mlle Lenormand qui est conduite à la Préfecture de Police. 

« – Je suppose que vos tarots vous avaient avisée de ma convocation.
– Pas mes tarots, mon horoscope.
– Trève de raillerie, Mademoiselle. La prison vous rendra sans doute moins agressive. Et, grâce à moi, vous pourrez y rester longtemps.
– Non, pas très longtemps, car j'ai tiré au grand jeu l'as de trèfle.
– Et que représente l'as de trèfle ?
– Votre imminent successeur, Excellence : le duc de Rovigo ».


Mlle Lenormand est libérée douze jours plus tard.

Vers 1810, elle reçoit la visite de la fille de la princesse de Courlande, qui venait d'épouser le comte Edmond de Talleyrand-Périgord, neveu de Talleyrand. À l'époque, la cartomancienne lui avait prédit sa séparation d'avec son mari et, ensuite, une vie  éclatante auprès d'un homme d'État puissant. C'était Talleyrand.

En 1814, le tsar Alexandre Ier vient la consulter. Elle lui prédit l'avenir dans son miroir.

En 1815, son salon d'attente ne désemplit pas. Elle obtient même des protections.

En 1843, elle meurt à 71 ans.

Ses obsèques sont célébrées le 27 juin 1843.  cimetière du Père-Lachaise. La sibylle est inhumée cimetière du Père-Lachaise. Sa tombe est toujours été fleurie.